Kératopigmentation : changer la couleur des yeux
Un peu d’histoire pour mieux comprendre
Il y a 30 ans, une nouvelle technologie révolutionne le monde de la chirurgie ophtalmologique : le Laser Femtoseconde. Toute une génération de lasers extrêmement sophistiqués et performants permette de développer ce que l’on appelle la chirurgie réfractive, c’est à dire la correction de la myopie, presbytie, hypermétropie et astigmatisme. Depuis, chaque année des millions de patients sont opérés avec ce type de laser.
Il y a environ 20 ans, les médecins ont commencé à utiliser ces lasers et ces méthodes chirurgicales pour la chirurgie réparatrice en reconstituant un iris traumatisé. Il s’est avéré que cette technique était extrêmement bien supportée sans complication et avait un excellent rendu esthétique sur les opacités cornéennes.
Il y a 10 ans, ces résultats ont permis de passer à la chirurgie de pigmentation sur des yeux voyants en utilisant les mêmes lasers. Depuis des milliers de personnes dans le monde ont pu bénéficier de cette technique : la Kératopigmentation.
Ce passage de la chirurgie réparatrice à la chirurgie de convenance est un pratique courante en médecine.
Voici deux exemples connus :
- La chirurgie réparatrice « des gueules cassées » de la première guerre mondiale a abouti à la naissance de la chirurgie plastique du visage.
- Les injections thérapeutiques de toxine botulique ont évolué vers l’usage du « Botox » pour le comblement esthétique.
Un peu de technique pour connaitre la Kératopigmentation
Elle associe l’utilisation d’un laser et le geste chirurgical du médecin. Le laser employé est le même que celui de la chirurgie réfractive : un Laser Femtoseconde. Le geste est aussi identique : le chirurgien va créer un micro-tunnel dans la cornée, non pas pour insérer un dispositif médical ( comme par exemple les segments d’anneaux intra cornéens), mais pour insérer un colorant biologique.
Compte tenu de ces 2 conditions majeures (laser et chirurgien expérimenté) on comprend que cette cornéoplastie ne peut se pratiquer que dans d’excellentes conditions chirurgicales humaines et techniques.
Un peu d’informations pratiques sur l’intervention
L’intervention dure 45 minutes sous anesthésie locale par gouttes anesthésiantes. Le chirurgien crée un micro tunnel dans la cornée (et non dans l’iris) sans toucher aucun tissu interne de l’oeil, et vient insérer des pigments de couleur. L’opération est indolore. Les effets indésirables possibles se traduisent par des légers éblouissements ou des sécheresses de l’oeil mais ceux-ci s’estompent au bout de quelques jours ou semaines. Il est recommandé de porter quelques jours des lunettes de soleil. A ce jour, et depuis 10 ans, aucune complication grave n’est à signaler.
Les pigments de couleur insérés dans la cornée sont approuvés par les institutions de santé compétentes et sont fabriqués en France dans le respect de la législation française.
Les couleurs sont variées bleu, vert, gris-bleu, gris-vert, marron. Le choix des couleurs est établi en accord avec le patient lors d’une consultation préopératoire. L’ injection des pigments se fait progressivement, si bien qu’il est possible durant l’intervention de rajouter de la pigmentation à la demande du patient.
Le résultat est immédiat.
Un peu de connaissances sur les autres pratiques
Il existe d’autres méthodes pour changer la couleur des yeux mais celles-ci sont peu fiables voir dangereuses :
- Le port de lentilles de contact colorées : une solution possible mais éphémère. Leurs administrations exigent des règles d’hygiènes draconiennes sous peine de complications sévères. De plus les lentilles de contact ne sont pas compatibles avec la sécheresse oculaire.
- Les implants en silicone : cet implant est placé à l’intérieur de l’oeil entre l’iris et la cornée. Cette technique n’est plus pratiquée dans les pays occidentaux car elle a entrainé des complications dramatiques pour les patients, de glaucomes allant jusqu’aux greffes de cornée.
- La dépigmentation de l’iris : Le chirurgien enlève la couche superficielle de mélanine de l’iris. Le patient ne peut choisir la couleur de l’iris, on tente simplement d’éclaircir la couleur initiale. Les résultats sont décevants, seulement 10% des patients sont satisfaits. Il faut plusieurs interventions pour voir un résultat et les risques de glaucome sont élevés.